Alors que l’industrie de l’anime connaît une croissance sans précédent, avec des revenus atteignant des sommets historiques, les coulisses révèlent une réalité bien plus sombre. Hiroya Hasegawa, vice-président de MAPPA, partage sa vision des problèmes structurels du secteur et des possibles solutions. Entre pression des délais, manque de mentorat et conditions de travail précaires, l’industrie est-elle au bord de l’implosion ?
Les défis de la production d’anime chez MAPPA
Dans une récente interview accordée à Real Sound, Hiroya Hasegawa, vice-président de MAPPA, a mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les studios d’animation. L’augmentation de la popularité de l’anime a attiré de nombreux nouveaux venus dans le secteur, souvent mal préparés à la dure réalité de ce métier exigeant. « L’animation est un travail difficile », admet Hasegawa, soulignant la nécessité de combler le fossé entre les attentes et la réalité.
Hasegawa insiste sur l’importance de la formation et du transfert de compétences pour contrer la baisse de qualité perçue dans certaines productions. Les horaires serrés et le recours massif aux freelances limitent souvent le temps consacré à l’apprentissage, ce qui empêche de nombreux animateurs de progresser. Selon Terumi Nishii, réalisatrice d’animation, ces lacunes pourraient allonger les budgets de production, menaçant ainsi la viabilité économique des projets.
Une industrie en crise malgré un boom économique
Malgré un chiffre d’affaires global de 3,3 trillions de yens en 2023, l’industrie de l’anime est en crise. Les conditions de travail précaires et les bas salaires sont monnaie courante, comme le rapporte Bloomberg. Tetsuya Numako, animateur chez Toei Animation, déplore l’absence de syndicats capables de défendre les droits des travailleurs, rendant difficile toute amélioration durable.
Avec des heures de travail bien au-delà de la moyenne nationale japonaise, beaucoup craignent un effondrement de l’industrie si des changements radicaux ne sont pas opér és. Yumiko Shibata, ancienne voix de « Saint Seiya », souligne que les acteurs doivent souvent accepter des salaires indignes par crainte de perdre leurs opportunités professionnelles.
Vers une réforme nécessaire et urgente
Selon Hideaki Anno, créateur de « Neon Genesis Evangelion », des réformes structurelles sont essentielles pour la survie de l’industrie. Lors d’une réunion avec le MANGA Parliamentary League, Anno a souligné l’importance de mesures gouvernementales telles que l’octroi de crédits d’impôt pour soutenir les studios d’animation. En effet, bien que l’anime soit un secteur lucratif, les studios ne perçoivent qu’une infime part des bénéfices, en raison de la structure des comités de production.
Les nouvelles lois japonaises visant à améliorer les conditions des travailleurs indépendants offrent une lueur d’espoir, mais le chemin reste long. Les artistes continuent de réclamer des contrats formels pour sécuriser leurs emplois et leurs rémunérations, une démarche essentielle pour stabiliser l’industrie.
Un avenir incertain mais prometteur
Bien que l’industrie de l’anime soit confrontée à des défis majeurs, les récentes discussions et initiatives offrent un certain espoir de réforme. Les voix influentes, comme celles de Hasegawa, Anno et Numako, jouent un rôle crucial pour attirer l’attention sur ces problèmes. L’avenir de l’anime dépendra des efforts conjoints des studios, des travailleurs et du gouvernement pour créer un environnement de travail durable et équitable. Les fans, eux aussi, peuvent contribuer en soutenant directement les créateurs et en sensibilisant davantage à ces enjeux.